dimanche 25 novembre 2012

Le slacktivisme, un moyen d’éveiller les consciences ou simplement de se donner bonne conscience ?

Ils  protestent, s’indignent, font de bonnes œuvres, signent des pétitions, multiplient les clics ou donnent un tweet et tout ceci... du fond de leur canapé prostrés derrière leurs écrans: ce sont les nouveaux activistes fénéants ou plutôt les slacktivistes. 

Le “slacktivism, ou “activisme fénéant”, existe depuis près de 10 ans mais il a pris de l’ampleur depuis quelques années surtout avec l'émergence des réseaux sociaux.
Changer sa photo de profil selon la nouvelle cause adoptée, signer de pétition en ligne ou tweter avec un hashtag particulier sont désormais devenues les nouvelles formes d'activismes voir de lutte 2.0 voir les nouveaux moyens pour changer le monde.

Les militants étaient autrefois définis par leurs causes, ils sont aujourd’hui définis par leurs outils.”  Malcolm Gladwell, journaliste au New Yorker
Pour Gladwell, l’engagement social, l’activisme sur les médias sociaux, est une légende.





Certes,internet et les réseaux sociaux sont de bons moyens de mobilisation en masse et pour créer du bruit autour d'une cause dans les quatre coins de la planète (Exemple l'affaire de Kony en début 2012) mais les clics et les stauts Facebook sont-ils suffisants pour changer le cours des choses? Et même lorsque ces causes prennent de l'ampleur, y a -t-il un vrai changement par la suite (exemple la cause palestinienne ou massacre de dauphins au Danemark et au Japon)?

De plus, pour certaines causes, il faut vérifier la crédibilité de l'information qui a été communiquée et grâce à laquelle il y aura un mouvement de protestation et un engagement, chose qui n'est pas aussi évidente que ça.

Mais la question qui se pose, pourquoi devient-on slacktivist ? 

Peut-être pour satisfaire son besoin d'appartenance et pour ce l'appartenance à une communauté militante, main dans la main avec le reste du monde. Peut-être aussi pour satisfaire ses besoins d'estime et d'auto-accomplissement et se rendre utile en faisant changer les choses. Ou parce qu’on a tellement le choix entre les causes, que grâce au slacktivisme, un simple click te permet d'adopter plusieurs causes à la fois .
Sans oublier que militer en ligne, c’est plus facile et plus fun. 
Même les marques exploitent le slactivisme des internautes avec des opérations marketing bien ciblées comme par exemple cliquez sur “J’aime” pour cette cause et nous reversons telle somme pour la lutte contre le cancer.




Le militantisme numérique ne remplacera certainement pas l’activisme de la vie « réelle » car, au final, ce sont les personnes « physiques » qui font toute la différence

Toutefois, l'efficacité du slacktivisme a été prouvée avec les révolutions arabes; le partage et la prolifération de l'information sur la toile a contribué au renversement du pouvoir de dictateurs comme Ben Ali et Moubarak. Mais à la fin, les gens qui sont descendus dans la rue, qui ont affronter les forces de l'ordre qui ont prouvé la force de la volonté d'en finir avec la tyrannie .
courage des révolutionnaires qui ont défié leur régime dictatorial dans la rue, sous la menace des balles et de la torture. 


La mobilisation virtuelle doit être liée à des actions et des engagements concrets, des actions dans le vrai monde et sur le terrain. 






mercredi 29 août 2012

Je vis comme je peux ... dans un pays malheureux

«J’essaie , en tout cas , solitaire ou non , de faire mon Métier .
Et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons,
où l’on se fait un point d’honneur de la (dé?)loyauté
où le réflexe a remplacé la réflexion
où l’on pense à coup de slogan
et où la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour l’intelligence.
Que faire d’autre alors, sinon se fier à son étoile
et continuer avec entêtement la marche aveugle, hésitante, qui est celle de tout artiste
et qui la justifie quand même, à la seule condition qu’il se fasse une idée juste,à la fois de la grandeur de son métier, et de son infirmité personnelle.

Cela revient souvent à mécontenter tout le monde.
Je ne suis pas de ces amants de la liberté
qui veulent la parrer de chaînes redoublées
ni de ces serviteurs de la justice qui pensent qu’on ne sert bien la justice qu’en vouant plusieurs générations à l’injustice.
Je vis comme je peux, dans un monde malheureux
riche de son peuple et de sa jeunesse,
provisoirement pauvre dans ses élites,
lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois.
Sans liberté vrai, et sans un certain honneur, je ne puis vivre.
Voilà l’idée que je me fais de mon métier


Discours d'Albert Camus le 22 janvier 1958




Bien que le testament d'Albert Camus fut prononcé en 1958, ces paroles sont toujours d'actualités. 

Moi, je vis comme je peux dans un pays qui devait être heureux pour sa liberté mais qui est malheureux à cause de la bêtise de son peuple. Nous vivons dans une société de pseudo intellectuels, qui passent leur temps à nous donner de leçons de politique et nous dicter comment vivre cette transition. 
Nous nous sommes égarés de notre droit chemin pour aller à droite et à gauche en quête de gloire personnelle. Les pauvres sont plus pauvres, les nécessiteux sont toujours en nécessité et les aisés crient liberté, liberté de pense, liberté de vivre et même liberté de baiser. Des libertés dont les pauvres n'ont même pas le droit à y penser. Et nous parlions de révolution !

Je vis comme je peux dans un pays malheureux où les lâches et les menteurs sont les centres d'intérêt , où les médias étrangers nous lynchent sans intérêt où la bêtise humaine de mes frères est infinie. Je vis comme une étrangère.  

jeudi 16 février 2012

يحدث فقط في تونس

Le titre est en arabe parce que je pense qu'il est plus expressif et en plus ça fait un peu le style des titres à la une de nos journaux à deux balles.
En Tunisie, on peut dire que tout est à l'envers, pas de logique. La schizophrénie semble une maladie répandue dans le peule, du président au peuple et en passant évidement par les membres du gouvernement. En Tunisie, ce qui doit être tolérable est intolérable est vice versa et voici quelques exemple (N.B: la liste est encore longue)

• On ne tolère pas la diffusion d'un film où figure une présentation de Dieu dans une chaîne de télé (or il existe une certaine chose appelée télécommande que les téléspectateurs peuvent utiliser si le programme diffusé ne correspond pas à leurs goûts) mais on tolère que des personnes innocentes ont été tuées pour aboutir à cette pseudo révolution et qu’à ce jour les coupables pour leurs morts n’ont pas été jugés. On tolère aussi que les blessées de cette révolution restent sans traitement en attendant que le gouvernement réagisse. *



Maram Nasri, âgée de 2 ans et 8 mois est la plus jeune blessée de la révolution tunisienne

• On ne tolère pas que le porno ne soit pas censuré, on a peur pour nos enfants mais on tolère la mise en liberté d’un pédophile (ou plusieurs dieu seul sais combien de pourritures ont bénéficié de l'amnistie du 14 janvier)



• On ne tolère pas un magazine gay mais on tolère que des enfants quittent l’école pour travailler, vendre des petits trucs au bord de la route ou laver les vitres des voitures pour récolter quelques sous à la fin de la journée



• On ne tolère pas la photo d’un mannequin à moitié nue à la une d’un journal tunisien (sachant que ce journal n’a pas fait le shooting de cette photo, il s’est juste contenté de la reprendre) mais on tolère que des enfants restent sans électricité ni eau potable et sans même porter assez de vêtement alors qu’il neige et que la température est -5°




Pour finir, une belle photo assez expressive: I don't need sex the goverment fucks me everyday



*A lire: L’épopée des bléssés de la révolution
Crédit photos:
Réseau "Burnous" contre la misère
Saif Chaabane Photographie
Tanbirat

lundi 6 février 2012

La Tunisie crie au secours et Sasio célèbre l’amour

Le nouveau jeu concours de Blue Island et Sasio sur Facebook a prouvé que le ridicule ne tue pas et pour ce cas je vois une marque que se ridiculise à cause de son manque de savoir faire sur le volet digital sans parler des honorables participants à ce fameux jeu.

Qui a fait quoi ?

A l’occasion de la St Valentin, Sasio et Blue Island ont décidé de jouer les cupidons et invitent les internautes à la célébrer autrement en participant au jeu « Les Star de l’amour » (tiens le nom du jeu me rappelle le feuilleton Les Feux de l’Amour, je me demande s’il est encore diffusé). Il faut avant tout s’inscrire dans la newsletter du site puis posté sa photo avec sa moitié sur une des pages Blue Island ou Sasio. Invitez vos amis et proches à voter pour vous et c’est gagné, vous partez avec deux bons d’achats d’une valeur de 300DT chacun.



Point de vue marketing et community management :

La marque voulait une occasion pour communiquer sur Facebook et pour quoi ne pas collecter quelques fans et surtout des adresses emails suite à l’inscription dans les newsletters (déjà je parie que la moitié ou même plus des inscrits à la newsletter pour participer à ce jeu vont se désabonner dès la réception de la première newsletter).

Or le timing est mal choisi : premièrement c’est la période des soldes et deuxièmement la St Valentin (théoriquement) ne fait pas partie de nos coutumes et habitudes surtout en tant que musulmans (j’insiste théoriquement mais ça dépend).
Malgré que le jeu soit censé avoir lieu sur les deux pages, il semble qu’il n’a lieu que sur la page de Blue Island. Sur la page de Sasio on ne trouve que trois publications postées aujourd’hui (6 Février) concernant un jeu qui a été lancé depuis le 2 Février. Même la photo de profil utilisée pour cette page est en déphasage : cette photo a été postée en Octobre à l’occasion de la nouvelle collection automne/hiver 2011-2012 or maintenant c’est la période des soldes et de plus il y a ce fameux jeu.



Les pages sont clairement gérées en interne (et espérant que c’est le cas parce que si c’est une agence alors la communication digitale en Tunisie a de l’avenir, un très bel avenir même grâce à ces agences). On voit tout type de commentaires et le pauvre community manger essaye de cadrer ses «fans» mais malheureusement lorsqu’il se repose, les fans ne se reposent pas et voici un exemple de commentaires postés sans modération de sa part. Un autre détail, déjà dans cette capture, nous avons un exemple de la qualité des «fans» de cette page.




Il est temps d’arrêter cette fameuse course aux fans. Il n’est pas question de quantité mais de qualité ! Vous pouvez avoir des milliers de fans sur Facebook mais réellement ces derniers ne consomment pas vos produits et s’en foutent de vos valeurs. Ils veulent des cadeaux, grâce à cette course ils peuvent désormais rentabiliser leurs heures perdues sur Facebook.

Le ridicule ne tue pas, c’est prouvé maintenant :
A cet instant, 354 photos ont été postées (et ça risque d’augmenter) et tout ce bon monde espère que sa photo soit la plus likée. Des photos de jeunes, d’adultes, de couples mariées, de femmes voilées (et oui après tout la St Valentin ça se fête), une photo d’une fille avec son père (défunt d’après ce qu’elle dit), des photos intimes et personnelles, des photos de mariages ou de fiançailles toutes publiées en espérant que les amis et proches et même de parfait inconnus cliquent sur ce foutu bouton « Like » et me permettent de remporter ce foutu bon d’achat. Plus question d’identité ou de voile ou de religion, l’amour ça se fête. Adieu discrétion et intimité, après tout il s’agit d’un bon d’achat.
En voyant le nombre des photos postées et le nombre de likes, je me dis que le digital est très mal barré avec de telles marque et une telle communauté.

La cerise sur le gâteau :

Depuis quelques jours, une vague de froid frappe le pays et des appels au secours de différentes régions du pays ont été lancés. Certaines associations et des ONG (et même des partis politiques) ont organisés des collectes de vêtements et de couvertures pour des régions nécessiteuses.
Mais quel est le rapport entre ceci et Sasio et Blue Island ? Il s’avère qu’ils vendent des vêtements et grâce à ce jeu je déduis qu’ils sont prêts à donner des vêtements d’une valeur de 600 DT (les deux bons d’achats de 300 DT pour les gagnants) mais au lieu de faire du charity marketing, de donner des vêtements pour des gens qui en ont très besoin et en prime avoir une bonne pub gratos eux ils préfèrent jouer les cupidons et surtout augmenter le nombre des abonnées à leurs newletter .

On est très loin du compte !

P.S: je me confesse par la même occasion. J'allais troller la page et poster une photo et dire que c'est moi avec mon défunt mari qui est un des martyres de notre précieuse révolution. Roukoub 3al thawra et en plus je suis sure que j'aurais gagné la sympathie des autres fans et récoltés plusieurs likes.

mercredi 4 janvier 2012

Bonne année mon cul

Bonne année, meilleurs vœux, que cette année nous rapporte paix prospérité... ce sont les phrases que je répété ou qu'on me les répète depuis presque une semaine sachant qu'au fond je n'y crois pas.

Pour commencer, un jeune à Sidi Bouzid accueille la nouvelle année en s'immolant par le feu sous prétexte qu'il veut être mémorisé comme le premier martyr de 2012.
Morale de l'histoire: Même en 2012, la connerie humaine frappe fort et l'immolation est encore en vogue et à ce qu'il paraît qu'on va organiser une émission de télé-réalité pour élire le martyr de l'année .

Un autre homme mais à Tunis s'immole par le feu mais les médias restent le bec cloué.
Morale de l'histoire: une preuve de plus que l'immolation est en vogue sinon pour ce qui est des médias on s'est heureusement habitué.

Les photos de Sakher et Nesrine El Materi fêtant le réveillon 2012à «La Cigale» de Doha sur le web et voila que ma timeline est inondée de ces photos et tous les admins des pages et les propriétaires des sites web les partagent. Pour eux, c'est un scoop! Or aux dernières nouvelles (qui datent de 2011) Sakhr et son épouse ainsi que ses beaux parents ont quitté La Tunisie plein aux as donc qu'ils fêtent le réveillon en compagnie de Nancy Ajram ne m'étonne pas personnellement.
Morale de l'histoire: en 2012, les photos "leakées" (Seul Dieu sait qui a leaké ses photos) de l'ex famille présidentielle continuent à exciter les internautes tunisiens #rassurant

Aujourd'hui 4 janvier, les forces de l'ordre ont repris leurs veilles habitudes en tabassant des journalistes pendant une manifestation devant le ministère de l'enseignement supérieur.
Morale de l'histoire: comme on dit All Cops Are Basrads et qui a dit qu'ils pouvaient oublier leurs mauvaises habitudes?
Sinon que serait le nouveau peuple tunisien (nouveau grâce à la liberté et à la démocratie) sans manifestations et sans sit-in. Donc, les manif et les sit-in restent en vogue pour 2012.

Pour revenir en bref sur 2011, un dictateur a dégagé, nous avions profité de notre liberté et notre démocratie pour faire pleins de conneries et nous avions voté. Personnellement l'ancre bleu est restée sur mon ongle presque trois semaines pour me rappeler "ce moment historique". Il y a eu des manifs, des sit-in, des couvres feu, nous avons fait la connaissance de Jalel Brick et un nouveau président a été élu. Malgré que les élections de l'assemblée constituante ont eu lieu avec démocratie (j'adore ce mot et j'essaye de le placer dans chaque phrase)mais les résultats de ces élections et le président élu par cette assemblée sont controversés. Ironique,non?

Autre chose découverte après le départ de Ben Ali, c'est la pauvreté dans certaines régions oubliées de la Tunisie. Loin des discours politiques et de la langue d bois, que l'on soit salafiste ou laïque ou voir même franc-maçon ( nouveaux adjectifs parus après la révolution), ces personnes sont des citoyens tunisiens, tout comme moi et toi. Certains de ces personnes, n'ont même de maison pour les abriter, de vêtements pour les couvrir et parfois même pas de nourriture. Une vague de froid frappe le pays et on est là à se moquer du barnous du président. Ce même président qui trouve que le fait de rappeler au peuple que le réveillon n'est pas une coutume musulmane est plus important que de trouver une solution à ces tunisiens négligés et oubliés.

Bonne année 2012 et que cette année soit l'année des tunisiens oubliés. Qu'aucun tunisien ne reste sans abris ou sans nourriture ou sans vêtements.

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