mardi 22 février 2011

Quand France 24 et Free surfent sur la vague des révolutions tunisienne et égyptienne

Depuis le mi-décembre 2010, la Tunisie est au cœur de l’actualité. Tout le monde en parle. Tout le monde veut avoir l’exclusivité sur ce qui se passait là-bas. On a vu des chaînes de télévisions respectées diffuser des intox et des rumeurs qu’elles ont trouvées sur Facebook. On a vu aussi des journaux, électriques en particulier, respectés interviewer des personnes qui n’ont pas le mérite de parler de cette révolution. Mais disant que c’était du au fait que la couverture médiatique des événements en Tunisie était difficile voire impossible à cause des pratiques de l’ancien régime.

Maintenant la tendance du moment c’est de surfer sur la vague de la révolution. Au niveau national ça commence peu à peux mais c’est en France que ça prend de l’ampleur.

Dans la nouvelle publicité de France 24 publiées dans les journaux français, elle annonce « Révoltes en Tunisie et en Egypte: le peuple a parlé, nos chiffres aussi ».
« En Janvier, France24 a enregistré sur internet une fréquentation record près de 10,4 millions de visites. Elle s’ajoute aux 26,4 de téléspectateurs hebdomadaires » se glorifie la chaîne française.
A l’heure où les libyens se noient dans un bain de sang de leurs compatriotes, France 24 n’hésite pas à vanter son audience sans gêne avec message publicitaire sans le moindre scrupule.


De son côté, l’opérateur Free utilise les événements politiques au Nord Affrique pour promouvoir sa « Freebox Révolution » lancée en Décembre 2010.

L’opérateur Free s’accorde les mérites des révolutions en Tunisie en Egypte dans un spot radio très déplacé « Je ne veux pas alimenter la théorie du complot, mais depuis la sortie de la Freebox Revolution, deux dictateurs sont tombés ! ».
Réalisé par la société de Xavier Niel, le spot radio diffusé pour l'offre "Free Révolution" est à la fois choquant et répugnant.
Si c’est de l’humour, c’est raté et en plus ce n’est pas les familles de martyres qui vont apprécier ce spot radio infâme.



Une fois encore, on s'interroge jusqu’où on est prêt à aller pour se remplir les poches.

lundi 21 février 2011

« La révolution tunisienne… et après ? » thème du Barcamp Tunis organisé par RFI

Le samedi 19 février 2011 à 14h00, des internautes , des blogueuses et blogeurs , des twitteuses et twitteurs tunisiens, se sont réunis au café Al Hamra aux Berges du Lac de Tunis pour le Barcamp Tunis.

Le thème proposé lors de cette rencontre était "La révolution...et après?"

Une soixantaine de personnes ont participées à ce Barcamp Tunis. Après la présentation des participants et la confection des ateliers, il y a eu 4 ateliers effectués recouvrant certains aspects de la suite du 14 Janvier 2010 pour le peuple tunisien. Les 4 ateliers portaient sur les thèmes suivants :
—Rôle des réseaux sociaux dans la révolution tunisienne
—Rôle des citoyens dans la société et leurs nouveaux devoirs venus avec la révolution
—Faut-il une nouvelle culture après la révolution ?
—Le rôle des médias pour préserver les acquis de cette révolution

Rôle des réseaux sociaux dans la révolution tunisienne :

Il faut cesser d’accorder le mérite de la révolution tunisienne à Facebook ou à Twitter. La révolution tunisienne appartient à ceux qui sont descendus dans les rues pour crier haut et forts leurs opinions et exiger leurs droits. La révolution tunisienne appartient à Mohamed Bouazizi qui a préféré de s’immoler pour la liberté de son peuple. Elle appartient à ceux qui ont reçus des balles en contre partie de la liberté en Tunisie.
Certes les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter ont joué un rôle considérable dans cette révolution. Ils ont permis de partager les informations et d’exposer les réalités. Il y a eu des événements auparavant en Tunisie comme à ceux Gafsa ou à Erradayef ou l’emprisonnement de journalistes ou blogeurs mais on entendait rarement parler de ces événements voire jamais.




Rôle des citoyens dans la société et leurs nouveaux devoirs venus avec la révolution:

Nous avons un terrain libre pour les idées nouvelles, il faut donc réfléchir et d’en proposer. Il faut passer du statut de sujet à celui citoyen. Pour cela, il est nécessaire de s’informer tout en restant vigilant et de s’impliquer dans la société civile.
En résumé, il faut créer, adhérer, communiquer, structurer, responsabiliser, influencer, surveiller, agir et oser.

Faut-il une nouvelle culture après la révolution ?

Nous ne subissions pas le censure de la part de l’ancien gouvernement seulement mais de la part de la société qui nous impose l’autocensure.
Pour instaurer la nouvelle culture post révolution, il est primordial de regagner amplement et complètement notre citoyenneté. La contribution de tous les citoyens est nécessaire.
Nous avons besoin d’une nouvelle culture où les artistes ne sont pas uniquement de simples brebies mais des artistes citoyens, de même pour tous les créateurs et tous les protagonistes. Nous avons besoin d’une nouvelle culture avec des citoyens responsables.



Rôle des médias pour préserver les acquis de cette révolution:

Quelque soit le support utilisé, c’est l’information qui compte (du point de vue pertinence et qualité). Durant la révolution, l’information alternative a joué un grand rôle. L’information relative est celle qui émane du citoyen lambda qui la diffuse et la relaye. C’est l’information proviennent de journalistes qui agissent librement et indépendamment en dehors des canaux classiques.
Sur internet et pour diffuser l’information alternative, il ne faut se priver d’aucun média social ni d’aucune plateforme de partage afin d’élargir son audience.
Pour les medias alternatifs, le gain financier ne doit pas empiéter sur son indépendance ou influencer les informations qu’il diffuse.
La révolution maintenant exige des médias de pousser les citoyens à créer du contenu médiatique, à avoir des journalistes multimédias et à impliquer son audience et la responsabiliser.
Afin de préserver les acquis de la révolution, les médias doivent devenir et rester indépendants, élever le niveau et avoir un esprit critique et une analyse constructive.

C’était une rencontre très constructive où les internautes se sont exprimés et ont partagé leurs différents points de vue dans le but de construire une meilleure Tunisie, une Tunisie LIBRE.


P.S: Il ya eu un livetweet durant l'événement avec le hashtag #BarcampTunis.
Pour les photos de l’évènement: La page d'Atelier des médias sur Facebook et les photos prises par Karim2k

dimanche 13 février 2011

La Caravane du Kassrine qui m'a aidé à y voir plus clair

Le dimanche 13 Février, et pour fêter un mois de liberté, j’ai participé à la caravane qui s’est dirigée vers Kassrine.

J’ai été surprise de voir le nombre de personnes qui y étaient. Dès le départ, nous avions reçus un cd qui regroupé les chansons de la révolution. Un pure bonheur que nous avons écouté et ré-écouté tout au long du trajet.



Pour faire court et vous épargner les détails de ce voyage je vais directement parler d’un village où nous nous sommes arrêtés. Il y avait une foule et les voitures ne passaient qu’une par une. Je suis descendue pour voir ce qui passait et il s’est avéré que les habitants de ce village ont égorgé un mouton en guise de bienvenue et toutes les voitures devaient passer sur le sang de ce mouton. L’accueil de ces villageois été très chaleureux. Tout le monde était là pour saluer les participants à la caravane : hommes, femmes, personnes âgées, adolescents et même des bébés. J’ai un peu discuté avec une fille et qui m’avait informé que son village s’appelait « Echraya3 ». Mais lorsqu’elle me parlait je n’arrivais pas à la regarder dans les yeux pour la simple raison que je ne connaissais même pas le nom de son village et avant ce jour je ne savais pas qu’il existait.

Elle m’a remercié pour avoir pris la peine d’aller à Kassrine. Elle m’a aussi dit une chose qui restera gravée dans ma mémoire à vie : nous sommes tous des tunisiens. Il est vrai que sur nos pièces d’identités la nationalité marquée est tunisienne mais ça s’arrête là. Comment je peux dire que nous sommes toutes les deux tunisiennes or je ne savais même pas que son village existait ? Est-ce l’ancien gouvernement qui m’a empêché de connaître les quatre coins de mon pays ? C’est l’ancien gouvernement qui m’a empêché de savoir qu’il y avait des personnes nécessiteuses dans des zones lointaines et oubliées ? Ou peut être que je ne connaissais pas ce village ou le village qu’on a dernièrement montré à la télé parce que les chaînes de télés ne les montraient pas.

Les habitants d’Echraya3 étaient des tunisiens et ceux qui ont participé à la caravane étaient des tunisiens aussi. Mais il y avait une grande différence. Même en observant les enfants de ce village et les enfants qui faisaient partie de la caravane la différence était flagrante : les enfants de la caravane venant de Tunis étaient bien habillés et bien lookés. Ils portaient des bottes ou des espadrilles. Sur leurs pulls il y avait la photo de leurs personnages Disney favoris sans oublier le papillon dans les cheveux pour quelques fillettes. Certains enfants du village ne portaient même pas de chaussettes alors qu’on était en hiver et je vous laisse le soin d’imaginer le reste.



Nous avons repris le chemin pour arriver Kassrine et comme d’habitude tous les habitants étaient dans la rue pour nous accueillir et ils ne cessaient de répéter « Merci d’être venus ». Ils ont préparé le déjeuner pour les centaines de gens venus. Dans la foule, j’ai rencontré Maram, un bébé âgé de deux ans qui a perdu la parole. On lui a tiré une bombe à lacrymogène et lorsqu’un un jeune de son quartier courrait dans la rue pour essayer de l’amener à l’hôpital parce qu’il n’y avait pas d’ambulance on lui a tiré une balle dans la jambe. La petite Maram a depuis perdu la parole et ces cordes vocales ont été touchées sans parler des autres effets de la bombe sur le bébé. La mère de Maram devrait l’emmener à l’hôpital à Tunis sachant qu’elle n’est jamais venue à la capitale et que surtout qu’elle n’a pas les moyens pour faire soigner sa fille. Maram a une grande sœur qui a 14 ans. La sœur de Maram est la première de sa classe avec 17 de moyenne. C’est une très belle fille mais on ne pouvait pas voir sa beauté à cause de son look négligé. Cette fille essayait de travailler et d’aider ces parents. Je me rappelle qu’à 14 ans je voulais que mes parents m’achètent un scooter pour me déplacer et que je devais impérativement avoir les dernières baskets Nike Air à la mode. En voyant les tongs que portait la sœur de Maram je pense qu’elle voulait juste une paire de baskets.



La journée du 13 Février 2011 restera gravée dans ma mémoire à jamais. J’ai appris que la Tunisie ne se limitait pas aux grandes agglomérations et que j’avais surtout envers les tunisiens qui vivent dans les villages oubliés par le gouvernement et par le peuple. La révolution nous a rapproché et l’union ne s’est pas limitée à affronter l’ancien régime mais elle doit continuer pour que chaque tunisien ait un minimum de nécessité et de richesse.

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